Introduction
Les tribunaux rappellent régulièrement que la sécurité des travailleurs isolés est une obligation pour l’employeur et les entreprises. Au-delà du code du travail et des différents textes réglementaires, la jurisprudence en matière de travail isolé rappelle les obligations des employeurs et les risques auxquels ils font face en cas de non-conformité.
La jurisprudence permet de concrétiser l’ensemble des dispositions des textes de loi en matière de travail isolé. Elle permet de mieux comprendre les mesures à mettre en place pour protéger ces travailleurs et les sanctions encourues par les entreprises.
Nous proposons dans cet article de mettre en avant les différentes décisions de justice qui permettent d’éclairer la manière de protéger les travailleurs et les cas de non-conformité.
Cadre légal
En France, le travail isolé est strictement encadré par la réglementation et peut remettre en cause la responsabilité civile et pénale de l’employeur en cas d’incident. Cela rend nécessaire, pour les entreprises, la mise en place de mesures et de dispositifs pour y faire face.
L’obligation générale de sécurité du Code du travail (article L4121-1) impose à l’employeur de mettre en place les mesures nécessaires pour protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Mais au-delà de cette obligation générale, il existe des obligations spécifiques au travail isolé. Ainsi, un employeur devra par exemple assurer la prise en charge dans les meilleurs délais d’un travailleur isolé en détresse conformément à l’Article R4543-19 du Code du travail.
Les risques liés au travail isolé doivent être identifiés par l’employeur dans le DUERP et des mesures et dispositifs doivent être mis en place pour y faire face.
Ainsi, les mesures en lien avec le travail isolé consistent d’abord à vérifier la nécessité pour un salarié d’effectuer ses tâches seul. Dès que le travail à deux est possible, il faut le privilégier. La protection des travailleurs isolés commence donc par la mise en place d’une organisation du travail adaptée.
Qu’est-ce que la jurisprudence appliquée au travail isolé ?
La définition du travailleur isolé selon la jurisprudence
Un travailleur est considéré comme isolé lorsqu’il exerce ses fonctions loin de la vue ou de l’ouïe d’autres personnes. Cette définition est cruciale pour déterminer les responsabilités de l’employeur en matière de sécurité et de prévention des accidents.
Le rôle de la jurisprudence en matière de PTI
La jurisprudence correspond à l’ensemble des décisions de justice rendues par les tribunaux et les cours sur une question donnée. Elle permet ainsi de comprendre les décisions prises par les juges et la manière dont un cas a été traité sur le plan juridique. Elle apporte un éclairage sur la mise en application pratique des textes de loi.
Ainsi, la jurisprudence qui concerne le travail isolé met en avant l’ensemble des décisions concernant des situations d’incidents de travailleurs en situation d’isolement. Il s’agit de comprendre comment la réglementation et les sanctions sont concrètement mises en application.
Les décisions rendues permettent d’apporter des précisions sur les obligations de sécurité au travail.
Le rôle de la jurisprudence est d’apporter un éclairage sur la mise en application pratique des textes de loi sur une thématique donnée, en l’occurrence la protection des travailleurs isolés.
Exemples récents de jurisprudence
Parmi les nombreuses décisions de justice en lien avec la protection des travailleurs isolés, on peut mettre en avant les décisions suivantes :
- Cour d’appel de Dijon (24/10/2024), n° 22/00693 : l’absence de PTI dans un laboratoire qui a conduit à la condamnation d’un employeur
- Cour d’appel de Paris (05/04/2024), n° 22/06734 : agent de sécurité sans DATI : “M. [M] réplique que la société a manqué à son obligation de sécurité ; que le site n’était pas éclairé, raison pour laquelle il a chuté ; que la société avait été avisée dès le mois de février 2020 de l’absence d’éclairage ; que l’employeur devait fournir un dispositif d’alarme pour travailleur isolé (DATI) et des équipements de protection individuels, ce qu’il n’a pas fait ; (…) “
- Cour d’appel de Grenoble (21/03/2024) – n° 22/03050 : absence de PTI.
- Cour d’appel de Douai (23/02/2024), n° 22/01581 : aide-soignante de nuit sans dispositif DATI
- Cour d’appel de Basse-Terre, 21/10/2024, n° 23/01003 : Absence de dispositif DATI pour un agent de service.
- Tribunal judiciaire de Lyon, 19/06/2024, n° 20/02461.
Des exemples de jurisprudence marquants en termes de PTI
Le dispositif PTI proposé doit pouvoir être fonctionnel
Dans un jugement de la Cour d’Appel de Grenoble, il a été mentionné que le DATI donné aux travailleur seul doit être fonctionnel et fiable (Cour d’appel de Grenoble, 25/02/2016, n° 14/01491). Si le système n’est pas complètement opérationnel, il ne pourra pas être efficace pour protéger les travailleurs.
Cela implique pour l’employeur de choisir un système adapté aux contraintes de l’environnement de travail. En outre, cela met en avant la nécessité d’équiper les salariés seuls avec des dispositifs de protection pertinents avec l’activité exercée et les situations de travail rencontrées.
Le DATI doit assurer un déclenchement automatique en cas d’incident
Le dispositif DATI doit pouvoir se déclencher indépendamment de l’intervention du salarié. (Cour d’appel de Pau, 06/07/2017, n° 15/02412). Le système de protection des travailleurs seuls doit donc permettre d’envoyer une alarme et de déclencher une chaîne d’alertes sans nécessiter une action “volontaire” du salarié en détresse. Cela implique de disposer de fonctionnalités avancées, au-delà des boutons SOS. Les alertes manuelles ne sont donc pas suffisantes en termes de fonctionnalités.
En effet, en cas d’accident, le salarié n’est pas toujours en mesure d’envoyer lui-même une notification d’alerte. Cela peut considérablement retarder le temps d’intervention des secours en cas d’accident.
La fonctionnalité d’alertes involontaires apparaît donc comme stratégique pour garantir la sécurité des travailleurs seuls.
Le système PTI doit pouvoir être mis en oeuvre par le salarié
Le salarié doit avoir la possibilité de déclencher lui-même le dispositif de sécurité (Cour d’appel de Grenoble, 21/07/2016, n° 14/04315). Ainsi, un système de caméras de surveillance ne peut pas être considéré comme suffisant.
Les risques pour l’employeur défaillant
En cas d’accident d’un travailleur isolé, la responsabilité pénale de l’employeur peut être engagée. Parmi les risques encourus par l’employeur défaillant, on peut mettre en avant :
- La résiliation judiciaire du contrat de travail
- Versement dommages et intérêts
- Amendes
- Responsabilité pénale pour homicide ou blessures involontaires
Un employeur peut ainsi risquer jusqu’à 45 000 € d’amendes et 3 ans de prison en cas d’accident d’un travailleur seul.
Comment éviter ces risques juridiques ?
La jurisprudence met en avant l’importance d’équiper les travailleurs isolés de systèmes fiables et robustes. En effet, une première étape consiste à équiper les travailleurs seuls de dispositifs, mais il s’agit aussi de mettre en place des systèmes pertinents. Le PTI DATI choisi et fourni au salarié doit pouvoir être fonctionnel et donc être adapté à l’environnement de travail et à l’activité du travailleur. Ainsi, le choix du PTI devra répondre à un ensemble de critères pour garantir une sécurité optimale aux opérateurs :
Le PTI de Sysnav a été conçu pour répondre à cet enjeu d’efficacité de la sécurité afin de garantir un cadre de travail serein et une prise en charge dans les meilleurs délais en cas d’incident.
En effet, le PTI DATI de Sysnav permet d’assurer une protection continue des travailleurs, même dans les conditions les plus extrêmes : les zones sans réseau, l’intérieur des bâtiments, les sous-sols, etc.
Le PTI DATI de Sysnav est un boîtier ergonomique, facile à utiliser pour l’opérateur et confortable qui garantit un niveau de sécurité optimal grâce à ses fonctionnalités avancées :
- Détection fiable et automatique des incidents sans alertes intempestives
- Couverture des zones blanches pour garantir une protection partout sur le site
- Une localisation précise dans tous les environnements : intérieur, extérieur et sous-sols pour pouvoir toujours intervenir dans les meilleurs délais
Conclusion
La jurisprudence nous permet de mieux comprendre la manière dont la réglementation est appliquée en matière de travail isolé. Elle témoigne du cadre réglementaire strict qui encadre le travail isolé en France. Cela montre également la nécessité pour les entreprises de mettre en place des protocoles, des mesures et des équipements spécifiques afin d’être en situation de conformité.
En cas de non-respect des normes liées au travail en isolement, les sanctions peuvent être lourdes pour les employeurs qui peuvent voir leur responsabilité pénale engagée.
Enfin, la mise en place de dispositifs de sécurité n’est pas seulement une obligation légale, il s’agit aussi de créer un cadre de travail serein et rassurant pour les travailleurs. Cela contribue à améliorer les conditions de travail et par là l’efficacité des entreprises. En effet, la sécurité n’est pas une contrainte, mais un véritable levier stratégique pour une société. Il s’agit de créer une culture de travail agréable et sereine renforçant la confiance des salariés et ainsi d’augmenter l’efficacité de la structure.
Le travail isolé est à la fois un risque pour les employés mais aussi pour les entreprises. En développant une culture de sécurité, l’entreprise assure une réduction des risques à tous les niveaux.
FAQ travail isolé et jurisprudence
Quelles sont les obligations légales des employeurs envers les travailleurs isolés?
Les employeurs ont l’obligation légale de garantir la sécurité des travailleurs isolés. Cela inclut la mise en place de dispositifs de protection tels que des systèmes de communication, des formations spécifiques et des équipements adaptés pour prévenir les risques liés à l’isolement.
Qu’est-ce que la jurisprudence ?
La jurisprudence correspond à l’ensemble des décisions des tribunaux sur des questions juridiques. Elle permet de comprendre comment une décision juridique est concrètement appliquée avec des cas réels.
Qu’est-ce qu’un travailleur isolé selon la jurisprudence ?
Dans un arrêt rendu le 25 novembre 2008, la Cour de Cassation donne une définition du travail isolé. Il s’agit d’un opérateur qui « travaille dans un lieu où il est seul [et] n’est pas à portée de la vue et de l’ouïe d’autrui » (Cass. crim., 25 novembre 2008, n°08-81.995).
Comment protéger un travailleur isolé ?
Il existe plusieurs manières de protéger les travailleurs isolés :
1) Limiter autant que possible le travail et l’éviter si une nouvelle organisation du travail le permet : il s’agit d’annuler le risque
2) Identifier tous les cas de travail isolé et les risques associés
3) Mettre en place des protocoles spécifiques pour les travailleurs isolés et des dispositifs de protection si nécessaires (PTI DATI ou dispositif homme mort)
4) Former les salariés et les sensibiliser aux risques du travail isolé et à la façon d’agir en cas d’incident




